Les jours clairs
Sur la frontière franco-espagnole, entre la mer et la roche, le vent soulève la poussière des jours passés. À Portbou, à Cerbère, les façades blanchies semblent retenir un souffle ancien, celui des voyageurs, des exilés, de ceux qui ont fui ou simplement attendu. Ici, tout parle de passage, de ce qui s’efface sans disparaître vraiment.
C’est sur ce rivage que le philosophe Walter Benjamin mit fin à sa route. Son geste résonne pour moi comme une métaphore : celle de l’homme qui ne trouve plus d’issue, sinon en lui-même. Le mémorial Les Passages lui rend hommage : un chemin taillé dans la roche, vers la mer, vers le silence.
Dans la continuité de Lisbonne, en pente douce, ce second chapitre des Jours clairs prolonge ma propre errance. Ces paysages-frontières sont aussi les miens : lieux de rupture et de respiration, où l’on apprend à regarder autrement ce qui s’éloigne.
Photographier ici, c’est tenter de faire la paix avec ce qui fuit, de transformer l’absence en lumière, l’intranquillité en passage.